lundi 4 mai 2009

Curieuse météo

La chaleur était écrasante.

Debout au sommet d’une colline, sous le soleil de plomb, une silhouette élégamment vêtue d’un costume de flanelle blanche à la coupe impeccable, coiffée d’un panama crème, se découpait sur le ciel azur.

« El Profesor » Dupuis, comme l’appelaient les indigènes, fouilla dans sa poche pour en sortir un mouchoir (duquel s’élevait l’inimitable fragrance de Barbouze n°5, un parfum huppé fort en vogue) dont il se tamponna les tempes.

Depuis que le département d’ethnologie de l’Université de Cambridge avait fait appel à lui pour mener une investigation dans ce coin reculé du Honduras, il s’était écoulé deux semaines. Deux semaines qu’il était arrivé dans la province de Yoro, et qu’il s’était établi dans la ville du même nom. Jusqu’à présent, rien de réellement digne d’intérêt ne s’était présenté à lui, si ce n’est l’excellente Sopa de Caracol et les succulents Baledas de José, le tenancier de la taverne du coin.

Maurice Dupuis commençait donc à douter de la pertinence de sa mission en ces lieux.

Soudain, quelque chose attira son regard. A l’horizon, une masse noire venait d’apparaitre. Des nuages à l’aspect sinistre se découpaient au dessus des champs, et semblaient se précipiter vers la ville, telle la marée à l’assaut du Mont Saint Michel.

Plissant les yeux, il pouvait déjà discerner l’onde s’abattant avec violence.

Mais déjà, autour de lui, des cris, mi-paniqués, mi-extatiques, s’élevaient.


" La Lluvia ! Es la Lluvia !

_ Viene la Lluvia de Peces ! "


Jugeant plus prudent de se mettre à l’abri pour étudier ce curieux phénomène qui semblait causer tant d’émoi parmi la foule, le Professeur commença à courir pour rejoindre le toit le plus proche, qui se trouvait être à quelques centaines de mètres de sa position. Mais il fut rapidement rattrapé par les éléments déchainés, et c’est trempé jusqu’à la moelle qu’il poursuivit sa course.

La tempête faisait rage autour de lui désormais, et les cris des locaux étaient couverts par les hurlements du vent, le fouettement de la pluie… et d’autre chose ! Cette tempête, il en aurait mis la main à couper dans le feu, n’était pas ordinaire. Quelque chose clochait…. Mais quoi ?

Quand soudain, Maurice Dupuis reçut un violent choc dans le dos, suivi de plusieurs autres coups sur les épaules et à la tête. Quoi donc ? Un maroufle tenterait donc de la confusion pour l’estourbir et lui soutirer quelques lempiras ? Ha ! Il avait bien mal choisi sa victime !

Faisant volte face, Maurice Dupuis adopta une posture défensive que seules de nombreuses années de pratique intensive de la savate permettent de maitriser dans ces conditions précaires, prêt à faire face à un nouvel assaut de son agresseur.

Surprise : personne ne se tenait derrière lui !


Un peu perplexe, Maurice Dupuis jeta un œil alentours, pour confirmer qu’il était désormais isolé au milieu de la tempête. Mais alors… qu’était ce donc que ces coups qu’il avait reçu ?

C’est alors qu’il posa le pied sur quelque chose de mou et de glissant. Quelque chose qui frémit et se débattit… Glacé, Maurice Dupuis baissa lentement les yeux, et découvrit avec stupéfaction un énorme poisson baillant et gigotant sous sa semelle.

D’abord incrédule, le professeur resta coi un instant, avant de regarder plus attentivement le sol autour de lui. Il était couvert de poissons de tailles diverses, grouillant sur la terre meuble comme sur le pont d’un navire de pêche un jour faste.

Et plus la pluie faisait rage, et plus le tapis de poissons s’épaississait…

« La Lluvia ! La Lluvia de Peces !.... »

4 commentaires:

Arthur Rainbow a dit…

"une silhouette vêtue élégamment vêtue" N'aviez vous pas un peu chaud avec tant d'habits?

Maurice Dupuis (de Paris) a dit…

En plus, sous le lourd soleil du Honduras, c'est rude.
Fixed !

Anonyme a dit…

Les frappes tactiques de Command&Conquer injustement tombées dans l'oublie: La pluie de Poissons!

Le Créateur Fou, ceci est Mon quota, respectez-le.

Wlad a dit…

Diantre, quel curieux phénomène !