Fut un temps, Maurice Dupuis, de Paris, exerçait ce noble sport avec une grande assiduité lors de ses congés divers et variés, et a ainsi sillonné les mers du globe, tel un Brendan de Clonfert des temps modernes.
Mais qu’est ce qui rend donc cette activité si attrayante, ne manquera pas de s’interroger le lecteur curieux.
« Moult choses ! » rétorque Maurice Dupuis, de Paris, l’œil brillant. En effet, sous le terme générique de « Plongée sous marine » se cachent une large variété de disciplines, si l’on peut dire, où chacun peut trouver son bonheur selon ses goûts.
Tout d’abord, on pourrait mentionner ce qui est généralement affublé du qualificatif de « plongée loisir ». Il s’agit, dans la plupart des cas, de visiter des sites relativement accessibles, tant par la durée des trajets pour s’y rendre que par la profondeur modérée, sur lesquels tout un chacun peut plonger sans grandes difficultés. Le plus souvent il s’agit de blocs de roches ou de corail, ou des abords d’une ile de taille modeste, que l’on peut contourner. Ce genre de sites offre l’avantage d’etre rassurants – car il est difficile de se perdre lorsque, pour revenir à son point de départ, il suffit de continuer a tourner autour d’un caillou – et d’etre riches en couleurs et en faune – les poissons se regroupent bien souvent autour des amas de roche, pour la protection qu’ils offrent ainsi que la nourriture qui s’y trouve (algues pour les uns, poissons mangeurs d’algues pour les autres) - . La profondeur faible contribue également à rendre ces sites plus attrayants : moins de distance à la surface, c’est moins de longueurs d’ondes absorbées, et donc plus de couleurs visibles.
Bref, des plongées accessibles à presque tous, avec des jolies choses à voir : c’est ca, les plongées « loisir ».
Toutefois, si ce genre de plongées est bien agréable, les vétérans et autres plongeurs assidus, ou les amateurs de spectaculaire, peuvent bien entendu trouver chaussure à leur pied.
Un autre type de plongée qui se pratique relativement couramment est la plongée en dérive, ou Drift Dive pour les non esperantophones. Comme son nom l’indique, celle-ci consiste à se laisser dériver au gré du courant. Les plongeurs se mettent à l’eau dans en groupe, et rapidement (« Yallah ! Yallah ! » comme disait le Capitaine de Maurice Dupuis, de Paris, lors de ses séjours Egyptiens), afin de ne pas etre séparés.
Les zones visées par ces plongées sont, en général, des passes ou les abords d’iles de plus grande taille, et exposées au large. Ici, pas question de petites patates de corail ou de gentils cailloux posés sur un fond de sable. Non. Bien souvent, on a d’un coté un tombant (qui peut descendre très très profond, parfois), et de l’autre « le bleu ». Pas de petits poissons tous mignons ici non plus : on cherche du gros, du spectaculaire. Pourquoi ? Parce que dans les passes, dans le « bleu », circule une toute autre population sous marine que dans les récifs. Là où sous un rocher on voit une raie pastenague, dans le bleu, on peut voir une raie aigle ou une manta. Au lieu du mérou paresseux, on frissonne à la vue du banc de barracudas qui ondule gracieusement dans l’onde (et on se demande par la même occasion si on a bien pensé à planquer les objets brillants du genre colliers, bijoux et autres, qui attirent facilement ce genre de bestioles).
La plongée se termine lorsque le groupe a dérivé jusqu’au point de ramassage convenu à l’avance avec le capitaine du bateau. Vous vous en doutez donc, ce style de plongée est plus difficile à aborder, et déconseillé aux tous débutants. Il peut etre relativement angoissant de se laisser porter par le courant, et l’angoisse est le premier facteur d’accidents en plongée. De plus, le fait d’etre bien souvent à flanc de tombant demande un bon contrôle de sa flottabilité, pour ne pas risquer de se retrouver par 50m de fond sans se rendre compte de ce qui se passe.
Pour un dépaysement total, le plongeur peut également pratiquer la plongée de nuit. On privilégie dans ces cas là les sites de plongée loisir, pour leur simplicité d’accès et de configuration. Toutefois, ceux-ci sont transfigurés à la nuit tombée, et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, la faune nocturne diffère grandement de la faune diurne. Allez voir des crevettes et des langoustes se promener de jour ! De même, les poissons lion, et d’autres animaux du même acabit, sont des espèces nocturnes. A certaines saisons, dans les mers chaudes, on peut aussi observer des phénomènes de plancton luminescent, qui laisse alors des traces fluorescentes dans l’eau derrière chacun des mouvements des plongeurs. C’est une vue extraordinaire.
La seconde chose qui change du tout au tout l’aspect de ces sites que l’on connaît si bien, c’est l’utilisation obligée d’une lampe torche. Vous vous souvenez de la mention que Maurice Dupuis, de Paris, a fait plus haut, au sujet des couleurs qui disparaissent avec la profondeur ? Eh bien, le problème ne se pose pas, avec une lampe torche. C’est donc un festival de couleurs rouges orangées (et rouge très foncé aussi) qui s’offre dans le halo de la lampe, d’autant plus contrastés que le reste est plongé dans l’obscurité.
Il s’agit de plongées très agréables, qui demandent peu d’expérience –juste assez pour être à l’aise en immersion, pour ne pas ajouter un facteur de stress à celui généré par l’obscurité – et que chaque plongeur devrait faire au moins une fois, ne serait ce que pour essayer.
Il est également deux autres types de plongées, plus ou moins apparentées, que Maurice Dupuis, de Paris, n’affectionne par vraiment, qui sont la spéléologie sous marine, et la plongée sur épaves.
La première des deux, comme son nom l’indique, consiste à explorer des grottes immergées. Il s’agit cette fois d’un type de plongée réellement dangereux, et pour lesquelles une réelle formation est nécessaire, ainsi que des mesures de précautions en surface.
La plongée sur épaves, quand à elle, peut se pratiquer de différentes manières. En effet, selon le type et la taille de l’épave, on peut etre amené à plongée autour de l’épave, ou bien à pouvoir rentrer à l’intérieur, auquel cas on se trouve dans une situation à peu près à la plongée en grottes.
Les amateurs de spectaculaire affectionnent souvent les épaves, et les histoires toutes plus sordides les unes que les autres circulent bon train dans les bateaux de plongée. En effet, si, dans les régions touristiques, il n’est pas rare que des vieux bateaux (voire même des vieux avions de tourisme !) aient été coulés volontairement pour le bonheur des plongeurs, il ne faut pas oublier que, à l’origine, une épave, c’est un bateau qui a fait naufrage accidentellement. Et que comme les navires circulent rarement à vide, ne serait ce que pour l’équipage, il arrive qu’une épave soit également un tombeau.
Maurice Dupuis, de Paris, se souvient, lors de ses séjours Egyptiens, d’une épave baptisée le Salem Express. Contrairement aux autres épaves qu’Il a pu visiter, celle-ci n’était pas un cargo, mais transportait des passagers, et a fait naufrage au large de la cote Egyptienne, alors qu’il ramenait des pèlerins de retour de la Mecque.
Le navire est couché sur le flanc tribord, sur un banc de sable, par une trentaine de mètres de fond. Une vision impressionnante (dans ce genre de sites, on distingue en général d’abord une masse sombre indistincte, gigantesque par rapport au petit plongeur que l’on est, forme qui se précise a mesure que l’on descend).
En s’approchant du bateau, on remarque divers détails troublants. Des valises, des sacs a main, bref, les bagages des passagers présents à bord du navire.
Et les canots de sauvetage également, fièrement arrimés à leur place.
Car oui, le Salem Express a coulé rapidement. Trop rapidement pour que la majorité des gens aie le temps d’évacuer. Et le gouvernement n’a jamais fait remonter les corps.
Normalement, Il est strictement interdit de pénétrer dans le navire, mais il y a toujours des petits malins qui, par une curiosité morbide, disent avoir jeté un œil, connaître quelqu’un qui est entré, et qui vous racontent comment ils ont pu voir les squelettes encore enlacés des noyés dans leurs cabines…
Non, décidément, Maurice Dupuis, de Paris, n’aime pas les épaves.
C’est sur cette note peu réjouissante que se termine le billet d’aujourd’hui. Toutefois, dans un futur proche, Maurice Dupuis vous fera rêver en vous présentant un lieu digne d’un film fantastique, où Il envisage très sérieusement d’aller plonger un jour. Préparez vous moralement, vous etes prévenus.