lundi 17 août 2009

Introduction - Part 2

Dans un fracas assourdissant, Yataro chuta de sa chaise en gesticulant, hurlant de terreur. Le principal s’interrompit net, et tous les regards se braquèrent sur le fautif, qui reprenait à peine ses esprits –et son souffle– et cherchait encore à savoir où il était.
Il se trouvait dans le gymnase de l’école. Une large estrade avait été montée le long du mur nord. A l’avant de celle-ci, debout derrière un pupitre, se tenait le proviseur, monsieur Hikami. Ce dernier fronçait les sourcils d’un air contrarié, et fit un petit geste de la main en direction de l’équipe enseignante, qui était assise sur des chaises pliables derrière lui.
Le reste du gymnase était occupé par les élèves, sagement assis, répartis par classes. Celle de Yataro, comme toutes celles de troisième année, se trouvais juste au pied de l’estrade, ce qui aurait de toutes manières rendu futile tout espoir de passer inaperçu, même s’il n’avait pas crié en se réveillant.
Les élèves commençaient à murmurer, et un brouhaha enflait progressivement dans le hall. Yataro entendit des ricanements derrière lui, mais ne se préoccupa pas de savoir qui, dans sa classe, pouvait bien se réjouir de sa situation inconfortable. D’autant plus que le pire restait à venir. En effet, Sawaguchi-sensei, le professeur de sports, avait répondu à la sollicitation silencieuse du proviseur, et après être descendu promptement de l’estrade, se frayait maintenant un chemin vers le fauteur de troubles. Il l’attrapa fermement sous le bras, avant de le conduire hors du hall afin que la cérémonie puisse reprendre son cours.
Alors que, encore confus, il entendait monsieur Hikami, le principal, frapper dans ses mains pour appeler un retour au calme, Yataro ne put s’empêcher de tourner la tète vers l’estrade qui se tenait au fond de la salle. Sur celle-ci, derrière les rangs des professeurs, il découvrit ce à quoi il s’attendait : une vingtaine d’adolescents au teint blême, habillés d’uniformes passés de mode, trempés. Qui le regardaient fixement.
Il soupira de soulagement lorsque les portes du gymnase se refermèrent dans son dos. Il sentait encore sur sa peau la froideur de l’eau du lac, et le soleil qui brillait en cette fin de matinée le réchauffait agréablement, dissipant progressivement son angoisse. Malgré le sermon qu’il n’allait pas manquer de recevoir, il préférait cent fois être là plutôt que dans la salle qu’il venait de quitter.

*
* *

Le ciel se teintait de rouge lorsque Yataro sortit de la salle des professeurs, où, comme prévu, il avait pris un sacré savon, à peine atténué par le crédit positif dont il jouissait auprès des enseignants de son lycée. Il faut dire que même pour un élève modèle comme lui, interrompre la cérémonie à la mémoire des 22 « élèves éternels » d’Azabu, les malheureux ayant péri lors de la tragédie du lac Sagami, n’est pas un acte pris à la légère. Il lui avait fallu moult excuses et des heures de prêche avant qu’on ne le laisse partir, avec la promesse qu’on le tiendrait à l’œil.

Omori Yataro était pourtant un jeune adolescent sans histoires. Assez doué pour les études, il avait brillamment passé le concours d’entrée de l’école d’Azabu, où il était désormais en dernière année de lycée. Toujours diligent, il était plutôt du genre à passer inaperçu, aussi n’était il pas réellement habitué à être mis en avant de la sorte. Et il avait horreur de ça, d’autant qu’il ne pouvait rien dire pour se justifier sans passer pour un dingue, ou un menteur.
Car sous ses dehors d’adolescent comme tout le monde, Yataro, depuis aussi loin que remontaient ses souvenirs, voyait, ou ressentait, des choses qui restaient invisibles aux autres. Ca pouvait être des fantômes, comme cet après midi avec les « élèves éternels », attirés là sans doutes par la cérémonie annuelle en leur honneur, ou bien des phénomènes surnaturels qui semblaient n’avoir rien à voir avec les humains. Mais ça restait imprévisible, et il pouvait très bien rester plusieurs mois sans rien voir, et soudainement se trouver possédé par les souvenirs de quelqu’un d’autre, par exemple. Et c’était extrêmement inconfortable, sans parler de la difficulté à expliquer ses réactions sans passer pour un taré fini.
Il soupira. Malgré sa furieuse envie de rentrer chez lui se coucher pour oublier tout ça, il devait encore aller assister à ses cours du soir, sans quoi ses parents risquaient de s’inquiéter et de lui poser des questions. Et la dernière chose dont il avait envie aujourd’hui était un autre interrogatoire en règle.
Quelle misère.
C’est donc en se demandant ce qu’il avait bien pu faire au Ciel pour être doté de ces sens surnaturels –qui l’empêchaient même de sécher les cours en paix !– qu’il se mit en route vers la gare pour se rendre à Yurakuchô.

5 commentaires:

Maurice Dupuis (de Paris) a dit…

Sans grande conviction. Apres une dizaine de relectures, corrections mineurs, délayages, rajouts et rapiécages, la 2eme partie de l'introduction ne me satisfait toujours pas.
Si un jour j'en trouve le courage - et l'inspiration - (ou si je reste encore dans la recherche quelques mois), ca fera surement l'objet d'une refonte complète.
Enfin, le plus dur (pour le moment) est passé, la suite a coulé beaucoup plus facilement.
Mais il faut que j'attaque l'écriture de ce qui vient encore après, maintenant.

BtK a dit…

Clap clap clap.

Enizya a dit…

La 1e partie m'a semblé plus rythmée mais cela parait logique et approprié, je maintiens que je trouve ça bien écrit. Bon courage pour la suite.

Wlad a dit…

Je peux me permettre un commentaire désobligeant ?

NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON, PAS ENCORE L'ASTUCE "EN FAIT C'ETAIT UN RÊVE" !

Wlad, bien content que quelqu'un d'autre publie, vu le retard pris dans MTEP (mais j'ai acheté un eeepc, je vous expliquerai le pourquoi du comment samedi).

Blaireauman a dit…

Yataro est bête, s'il avait feint un malaise pendant qu'il se faisait sortir (par exemple), il aurait pu aller se reposer peinard à l'infirmerie, et ne pas se faire sermonner puisqu'il aurait pu mettre son hurlement sous le coup du malaise. Brillant pour les études, mais pas très vif, il m'a l'air.

Et aussi +1 Wlad