vendredi 28 août 2009

Introduction (?) - Part 4

« Un million ?! C’est une plaisanterie, hein ? »

Les conversations s’éteignirent instantanément. L’homme qui venait de crier ces paroles s’était levé brusquement de son tabouret, et semblait sur le point de faire une attaque. Quelques murmures amusés fusèrent de part et d’autres.

« Mais où vous voulez que je trouve une somme pareille ? Vous êtes complètement fou !
_ Hé, c’est le tarif. A prendre, ou à laisser. » Répliqua son interlocuteur.

Ce dernier, assis au comptoir, sirotait un copieux whisky. Il ne semblait pas plus perturbé que çà par les éclats de l’autre individu, et avait le regard perdu au fond de son verre.

« Ha ! Je suis sur que je peux trouver des douzaines de gens comme vous qui travailleraient pour un dixième de cette somme ! Des dizaines ! » Martelait-il, en frappant le bar du plat de la main. Toutefois, sa voix tremblait légèrement, ce qui tempérait quelque peu l’assurance qu’il affichait. Et à son front perlait un filet de sueur.

« Grand bien vous fasse. Je vous conseille de vous mettre en route tout de suite, alors, parce que je suis le seul à faire affaire par ici. Et la concurrence ne s’approche pas trop non plus, vous comprenez. Mais si vous voulez, pour deux cent mille, je vous donne quelques bonnes adresses. Ca vous intéresse ? »
Le jeune homme tourna la tête vers son interlocuteur, et le regarda d’un air moqueur. Un fin sourire sans chaleur étira ses lèvres alors qu’il prononçait ces mots, et il fit tinter la glace dans son verre d’un air provocateur. Plusieurs personnes à des tables proches pouffèrent ouvertement.

« Je… gniii…. Escroc ! Charlatan ! Monstre ! Je vais m’occuper de votre réputation ! Vous pouvez y compter ! » Ragea l’homme, en attrapant son pardessus dans un mouvement colérique. Il fouilla quelques instants dans une poche, et en sortit un billet de cinq mille yens qu’il plaqua violemment sur le comptoir.
« Et gardez la monnaie ! » cracha-t-il, avant de quitter le bar à grands pas.

Lorsqu’il eut claqué la porte, comme tout le monde s’y attendait, les conversations reprirent progressivement, bourdonnant au dessus du léger air de jazz qui flottait dans la pièce. Bientôt, le Bogey Bar retrouvait son ambiance feutrée habituelle.
Il s’agissait d’un bar de taille modeste, pouvant accueillir tout au plus une quinzaine de personnes. Ce soir là, il était bien rempli, et une grosse demi-douzaine de personnes – une clientèle d’habitués – étaient installées aux trois tables qui occupaient l’essentiel de la pièce. Au comptoir, toutefois, seul se trouvait le jeune homme qui avait été le centre d’attention quelques instants plus tôt.
Il avait terminé de boire son whisky – à une vitesse étonnante, qui trahissait le buveur chevronné –, et avait à nouveau les yeux dans le vide, contemplant un point qui se situait au-delà du gros bloc de glace trônant dans son verre.
Le barman, qui avait observé la scène à une distance respectable, s’était rapproché pour empocher le billet. Le glissant dans la poche de son tablier, il vint se placer en face de son client, et l’observa sans mot dire quelques instants, les bras croisés sur la poitrine.

« Quoi ? Tu vas me mettre à la porte parce que j’ai gâché l’ambiance de ton satané bar ? » Lâcha enfin le jeune homme, reposant son verre sur le comptoir.
« Non gamin, tu me rapporte trop de clients pour que j’en arrive là, mais si tu pouvais quand même éviter de causer des scènes, ça m’arrangerait bien. C’est pas bon pour la pub, des gens comme lui !
_ Tch… Comme si un monsieur Personne dans son genre pouvait avoir la moindre influence sur ta clientèle. Tiens, sers m’en donc un autre, au lieu de raconter n’importe quoi. » Répliqua le jeune homme, poussant son verre vide vers le barman.
Ce dernier le souleva d’une main distraite, et se retourna pour attraper derrière lui une bouteille de Yoichi. Alors qu’il versait une généreuse rasade du liquide ambré, il reprit :

« Tu sais, Ryuuji, t’as vraiment un caractère détestable. Quand on est dans le service, il faut des fois être un peu plus conciliant, tu crois pas ?
_ J’ai pas besoin d’être conciliant. Je vais pas commencer à négocier mes tarifs avec le moindre pékin qui vient me voir. S’ils viennent, c’est que je suis le meilleur, et ils le savent. Et la qualité, ça se paye, point. Si ça leur plait pas, ils ont qu’à aller voir un charlatan ou un prêtre. » Répondit sèchement Ryuuji. Il avait sorti de sa poche un paquet de cigarettes écrasé, et gratta une pincée d’allumettes pour en amorcer une.
« Et en plus, c’était pas si cher que ça.
_ Si tu l’dis, c’est toi l’expert, après tout. » Conclut philosophiquement le barman, en déposant le verre plein devant son client.
« Ha ! Venant de toi entre tous, je prends ça pour un compliment, le vioque ! » Ricana Ryuuji, en soufflant un gros nuage de fumée au visage de son interlocuteur, lequel sourit en retour.

« Bon, et si tu me parlais de ce client que tu disais avoir rencontré avant-hier ? Vu que je ne suis sur aucune affaire, finalement, ça pourrait être intéressant. Après, je sors prendre l’air. Cet abruti m’a agacé, j’ai besoin de marcher un peu. » Reprit-il.

Le barman se pencha alors un peu en avant, et, à voix basse, entreprit de relater ce qu’il savait à Ryuuji, qui l’écoutait avec attention, alternant bouffée de cigarette et rasade de whisky d’un air concentré.

4 commentaires:

Le Créateur Fou a dit…

"Ca vous intéressé"

Sino, w00t!

BtK a dit…

Rooh... Jusqu'au "Un charlatan ou un prêtre", j'ai cru qu'il s'agissait d'un tueur à gages...

Qu'importe, ça tient en haleine ! (enfin, si tant est que c'est comme ça que cela se dit...)

Maurice Dupuis (de Paris) a dit…

J'ai corrigé la faute de frappe (faute de correcteur Word, je soupçonne meme) dans le manuscrit, j'editerai le post à l'occasion. Merci pour la relecture !

@BtK : Ca me fait plaisir que tu me dises ca, c'était justement l'effet escompté :)

Enizya a dit…

Nouvelle ambiance, nouveau personnage, mais ça reste agréable à lire.